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Rare sauvetage d’un pangolin géant au Congo

Un pangolin géant, mammifère à écailles le plus trafiqué au monde, a récemment  été secouru puis soigné par nos équipes. Grâce à une collaboration réussie entre les experts de plusieurs entités (notre programme santé pour la faune au Congo, la Fondation Tikki Hywood et le Sangha Pangolin Project en République centrafricaine), cette espèce très sensible au stress, qui ne survit généralement que quelques jours ou quelques heures après sa capture, a été réintroduite avec succès dans le Parc National de Nouabalé-Ndoki.

Le pangolin dans le panier à linge dans lequel il était transporté. ©E.Richards/WCS
Le pangolin dans le panier à linge dans lequel il était transporté. ©E.Richards/WCS

Le 25 janvier 2020, les équipes WCS basées à Ouesso, au nord du Congo, reçoivent un appel inattendu : un pangolin géant saisi des mains de braconniers a besoin d’être pris en charge. Le Dr Alain, vétérinaire du programme santé pour la faune, est en mission et ne peut être prévenu. Une tâche délicate revient alors à notre conseillère technique chargée de s’occuper de l’animal : le garder en vie toute une nuit. En effet, ces mammifères insectivores et nocturnes ne survivent pas bien en captivité. Se nourrissant exclusivement de termites et de fourmis sauvages, les pangolins souffrent beaucoup du stress et se déshydratent très rapidement, ce qui entraîne souvent leur mort rapide après la capture. La femelle confisquée avait déjà survécu à deux semaines de confinement par les braconniers, ce qui constituait un miracle.

Gardez la hydratée et relâchez la le plus rapidement possible.

Garder un pangolin géant de 18 kg et de 110 cm de long pendant toute une nuit nécessita un effort collectif et une parfaite collaboration entre les équipes WCS et les experts de la Fondation Tikki Hywood, qui les guidèrent au téléphone. Leur conseil fut simple : « Gardez la hydratée et libérez la dès que possible. » Le pangolin, enroulé sur lui-même au fond d’un grand panier à linge en plastique dans lequel il était transporté, avait été retrouvé avec un sac de jute coincé dans ses écailles. D’abord immobile, le mammifère rampa finalement hors du panier pour se cacher dans le coin sombre le plus proche, sous un palmier. « Incroyablement déterminée à partir, elle se déplaçait rapidement et sûrement, cherchant un moyen de s’échapper », a déclaré la conseillère technique. Doucement, cette dernière la conduisit dans une pièce vide, l’aidant à se débarrasser des filaments de plastique emmêlés dans ses écailles avant de lui fournir un bol d’eau tant attendu. Après s’être longuement hydraté, le pangolin s’endormit enfin.

©E.Richards/WCS
©E.Richards/WCS

Au milieu de la nuit, nos équipes sont réveillées par le gardien : l’animal essaie de s’enfuir ! Les chances de survie en centre-ville ne sont pas grandes pour un pangolin géant qui erre seul. Déterminé à quitter la pièce, il avait escaladé un bureau et atteint la fenêtre. Prenant appui sur les vitres à persiennes, l’animal essayait désespérément d’arracher la moustiquaire. Mais les vitres se brisèrent vite sous ses 18 kilos, éparpillant du verre brisé dans toute la pièce avant que l’équipe ne puisse l’atteindre. Recroquevillé en position de défense, le pangolin est finalement récupéré et ramené dans son lit temporaire.

Incroyablement déterminée à partir, elle se déplaçait rapidement et sûrement, cherchant un moyen de s'échapper.``

Aux premières lueurs du jour, il est enfin temps de commencer le voyage vers la liberté. Le fourmilier à écailles est transporté en voiture pendant quatre longues heures, jusqu’aux limites du parc national de Nouabalé-Ndoki, un écrin de nature sauvage à l’extrémité nord de la République du Congo. À son arrivée, l’animal est directement examiné par le Dr Alain qui a finalement été informé et a pu se joindre à l’équipe. Après examen, il est déterminé qu’il s’agit d’un pangolin géant femelle juvénile. Malgré une légère blessure à la jambe gauche, elle est encore étonnamment saine pour un animal maintenu en captivité aussi longtemps. Il est maintenant temps de rejoindre la forêt.

Une fois au sol, l’animal semble prendre quelques secondes pour s’orienter. Ça y est, elle est libre ! Ignorant la termitière qui lui est offerte, la femelle se dirige directement vers l’ombre des feuilles et leur sécurité. La devinant à travers les sous-bois et n’entendant bientôt plus que le bruissement des feuilles sur son chemin, l’équipe décide de la laisser en paix, et pose la termitière sur place afin qu’elle puisse revenir se nourrir facilement une fois seule.

Le pangolin a trouvé refuge dans l'ombre rassurante des feuilles. ©E.Richards/WCS
Le pangolin a trouvé refuge dans l'ombre rassurante des feuilles. ©E.Richards/WCS

La remise en liberté est un succès. Grâce à la détermination d’un grand nombre de personnes dévouées, des chauffeurs aux vétérinaires et experts en pangolin, en passant par les chefs de projet et les conseillers techniques, et grâce à l’incroyable coordination entre ces acteurs, cette femelle est maintenant de retour dans son habitat et dans une zone protégée, assurant, espérons-le, sa survie jusqu’à l’âge adulte si la nature le permet.

Cette femelle pangolin ne doit sa survie qu’à sa détermination et à sa force. Mammifères sauvages les plus vendus illégalement sur la planète, les pangolins sont braconnés pour leur viande et leurs écailles. On estime que plus d’un million de pangolins a été arraché à la nature au cours de la dernière décennie. En 2016, les 186 pays de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES), le traité qui régit le commerce international des espèces sauvages, ont voté l’interdiction du commerce des pangolins.

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