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La recherche scientifique, indispensable à la sauvegarde des éléphants de forêt

Depuis plus de 25 ans, l’étude Mbeli Bai dans le parc National de Nouabalé-Ndoki a permis de surveiller et d’observer la faune sauvage de la clairière du même nom, Mbeli. Les éléphants de forêt, une espèce encore peu connue et souvent laissée de côté est observée chaque jour dans ce paysage unique. Une connaissance indispensable pour construire de meilleures stratégies de conservation face aux menaces que représentent le trafic d’ivoire, le braconnage et  la fragmentation de leur habitat.[/vc_column_text]

Des éléphants à Mbeli Bai. ©WCS

Le site Mbeli Bai est une clairière naturelle marécageuse d’environ 15 hectares qui offre une opportunité unique d’observation des espèces comme les gorilles des Plaines d’Afrique de l’Ouest et les éléphants de forêt dans leur milieu naturel. WCS fut un des premiers acteurs à comprendre l’importance des bais et l’opportunité qu’ils représentent pour la surveillance des espèces et la compréhension de l’écosystème de la forêt tropicale. Parmi plusieurs bais identifiés en Afrique centrale, Mbeli Bai, avec sa végétation aquatique, offre aux animaux des minéraux précieux difficiles à trouver dans la forêt. Dès 1993, WCS a commencé des recherches sur le site en se focalisant au départ sur les gorilles, à une époque où presque aucune connaissance n’existait à ce sujet. Depuis, les études se sont diversifiées et WCS a développé des études spécifiques sur les éléphants visitant ce bai. A ce jour, 563 éléphants de forêt ont été identifiés. Leur suivi a même permis d’observer des mouvements d’elephants entre Mbeli Bai et le bai de la Sangha voisin en République Centrafricaine, deux sites d’importance écologique.

En 2018, les observations notées à Mbeli Bai ont comptabilisé plus de 3500 visites de 139 éléphants différents, 3 naissances et 6 immigrations. Au total, 563 individus sont maintenant connus de l’équipe de chercheurs. Des chiffres particulièrement encourageants car ils montrent une population stable d’éléphants. Comment et pourquoi continuer à les observer ?

Les stades de décomposition d’une carcasse, arme de lutte anti-braconnage

De septembre 2017 à mai 2018, des caméra-pièges ont été installées autour d’une carcasse d’éléphant en bordure du bai. L’objectif ? Étudier le taux de décomposition des carcasses d’éléphants afin de fournir aux écogardes les éléments leurs permettant dans l’avenir d’estimer avec une meilleure précision la date exacte du décès de l’éléphant. Des connaissances précieuses pour une meilleure évaluation de la pression du braconnage dans le parc et sa périphérie et donc une meilleure mise en œuvre des stratégies anti-braconnage.

Comprendre leurs réactions pour évaluer les zones à risques

Comment les éléphants, qui vivent et interagissent dans un système social complexe, réagissent-ils à la vue d’une carcasse de l’un des leurs ? Évitent-ils les lieux ou s’en rapprochent-t-ils ?  Sont-ils différemment affectés selon l’âge et le sexe ? Aujourd’hui, personne ne sait comment les éléphants réagissent aux évènements de braconnage. Bien qu’il ait été déjà observé que plusieurs espèces de mammifères s’intéressent particulièrement à leurs congénères décédés, les facteurs qui guident ce comportement restent flous.  Entre septembre 2017 et juillet 2018, les caméra-pièges ont enregistré 769 visites d’éléphants de forêt autour d’une carcasse proche du bai, dont 91 étaient des éléphants connus. Les résultats de cette étude nous permettront dans l’avenir de mieux comprendre la réaction des éléphants a un tel évènement et ainsi de mieux évaluer les zones a plus fort potentiel de braconnage.

Un assistant de recherche congolais sur le site de Mbeli Bai. ©Sebastien Assoignon

Calculer leur nombre en observant leurs liens d’amitié

La taille d’une population est souvent difficile à déterminer pour les espèces qui, comme les éléphants, ne se regroupent que périodiquement. C’est pourquoi l’étude de leurs structures et des variations dans leurs comportements sociaux est si importante. Autrefois la recherche scientifique se concentrait uniquement sur les diversités génétiques et la consanguinité. Aujourd’hui, l’étude de la plasticité comportementale et cognitive est également indispensable. Elle vient en complémentarité de celle des comportements et de la santé. Dans le cadre de sa formation scientifique, un jeune congolais assistant de recherche a collecté 80 heures de vidéo et 3033 échantillons de « scan » sur différents regroupements d’individus observés lors des 191 visites faîtes par 93 individus différents. Des données précieuses qui, une fois analysées, montreront les différentes connexions entre éléphants, leurs liens familiaux, les amitiés qui se créent dans le groupe, sa stabilité, sa coordination et ses mouvements. Une connaissance indispensable pour surveiller l’évolution du nombre d’éléphants de forêt.

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